Méditations poétiques

Publié le par Sandra


Car, ainsi que les corps, la pensée est féconde.
Un seul désir suffit pour peupler tout un monde ;
Et, de même qu'un son par l'écho répété,
Multiplié sans fin, court
dans l'immensité,
Ou comme en s'étendant l'éphémère étincelle
Allume sur l'autel une flamme
immortelle
,
Ainsi ces êtres purs l'un vers l'autre attirés,
De l'
amour
créateur constamment pénétrés,
A travers l'infini se cherchent, se confondent,
D'une éternelle étreinte, en s'aimant, se fécondent,
Et, des
astres
déserts peuplant les régions,
Prolongent dans le ciel leurs générations.
O célestes
amours
! saints transports ! chaste flamme !
Baisers où sans retour l'âme se mêle à l'âme,
Où l'éternel désir et la pure beauté
Poussent en s'unissant un cri de volupté !
Si j'osais !...» Mais un bruit retentit sous la voûte.
Le sage interrompu tranquillement écoute ;
Et nous, vers l'occident nous tournons tous les yeux :
Hélas ! c'était le jour qui s'enfuyait des cieux !

Lamartine,
Méditations poétiques - La mort de Socrate.

Publié dans Poésies

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